“Pourquoi une telle cacophonie pour de simples timbres fiscaux ?” À la fois railleur et stupéfait, Bénin Web TV revient sur la controverse née chez son voisin burkinabè à la suite de la présentation du nouveau timbre fiscal de 200 francs CFA (0,30 euro), le 23 mai dernier.
Le quotidien gouvernemental burkinabè Sidwaya rappelle le contexte : “De novembre 2022 à mars 2023, certains guichets de vente de timbres fiscaux ont enregistré une pénurie poussant la direction générale des impôts à mettre sur le marché un stock d’urgence.”
Hystérie des partisans
Parant au plus pressé, l’institution “[retire] le droit d’impression à la société Canadian Bank Note Company pour le confier à une entreprise française installée en France”, poursuit le site béninois. Mais l’information, qui s’est propagée le mardi 23 mai sur les réseaux sociaux, a suscité “l’hystérie des partisans des militaires au pouvoir”.
Le colonel Léonard Ouoba, directeur général des affaires immobilières et de l’équipement de l’État, admet alors avoir retenu ce prestataire français à l’issue d’une étude comparative des prix, car “les timbres produits localement sont plus chers que ceux importés”.
Dès le lendemain, le 24 mai, le quotidien L’Obs affiche en une, sur un ton sarcastique : “Nouveau timbre fiscal made in À bas la France. Les ‘Irissi’ [en référence aux activistes prorusses], on fait comment maintenant ?”
Concentration du pouvoir
Le 25 mai, le président de la Transition, Ibrahim Traoré, tranche : le contrat sera résilié. “Un revirement qui met une lumière sur le fonctionnement de l’administration burkinabè sous les militaires et la concentration du pouvoir au sommet de l’État”, selon Bénin Web TV.
Cette polémique montre aussi, écrit le média, “les liens que les autorités ‘antifrançaises’ continuent d’entretenir dans l’ombre avec la France, malgré le discours populiste et opportuniste qui a favorisé la réussite du putsch du capitaine Ibrahim Traoré en octobre dernier”.
In fine, le gouvernement burkinabè a annoncé que les timbres fiscaux seraient produits au Burkina Faso. Mais ce dénouement laisse Le Faso sceptique. “Verra-t-on désormais tous nos problèmes sous le seul prisme ‘France ou pas France’ ?”
Autre question épineuse : le coût du service fourni par les entreprises nationales, supposé plus cher. “C’est un uppercut dans la tête pour qui se soucie de la bonne administration du bien public en ces temps de crise sécuritaire et humanitaire, où l’argent manque le plus”, estime le titre burkinabè dans un article intitulé “On en devient tous timbrés”.
À moins que ce débat ne soit une “nouvelle distraction”, “en pleine guerre contre le djihadisme et les groupes armés”. C’est en tout cas l’avis de Bénin Web TV.
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