L’appel d’offres de la LFP n’a pas récolté les fruits escomptés. Une vraie menace pour la Ligue 1.
La Ligue de football professionnel, aux yeux des acteurs de l’audiovisuel, a commis une grave erreur en communiquant publiquement les prix de réserve des deux lots de diffusion de la L1 sur la période 2024-2029, à savoir 530 et 270 millions d’euros pour ce qui est de la couverture des neuf matches composant chacune des journées de championnat. Les partenaires établis que sont Canal+, beIN Sports et même Amazon, qui diffuse la plupart des rencontres de Ligue 1 depuis deux ans, ont été refroidis par les exigences ainsi exposées par la Ligue. Et les nouveaux candidats potentiels n’ont pas osé lancer les enchères face à cette surcote dénoncée.
La LFP, de fait, va devoir négocier ces droits TV de gré à gré, dans un processus de discussions directes avec les diffuseurs qui promet d’être long. Avec d’autant plus de pression sur les épaules que Vincent Labrune, son président, s’attendait à ce que beIN Sports et Amazon, après le retrait claironné de Canal+, se positionnent concrètement lors de l’appel d’offres. Quitte à être en-deçà des prix de réserve. Même chose pour DAZN, qui ces dernières semaines, ne cessait de marteler ses appétences pour l’élite française.
« La Ligue doit vraiment se méfier »
Pour ce qui est d’Amazon, le pessimisme est de mise. « La Ligue 1 n’est pas stratégique pour eux. On n’a pas l’impression qu’ils soient très motivés. Il ne se plieront pas en quatre pour garder la Ligue 1 », souffle une source du dossier citée par RMC. Enfin à l’équilibre, beIN de son côté est certes intéressé mais dans un cadre rationnel et proportionné, bien loin des objectifs de la LFP. Quant à Canal, qui dès la saison prochaine misera 480 millions d’euros par an sur la coupe d’Europe, la L1 sur ses antennes ne passera probablement que par un accord de distribution en sous-licence.
Le décor ainsi planté, le grand vainqueur pourrait bien être DAZN, un acteur motivé si l’on en croit sa communication agressive mais qui compte bien faire affaire avec la Ligue à moindre coût. Seulement ce nouveau trouble-fête parmi les historiques n’a pas forcément bonne presse, lesté par une dette cumulée de près de 6 milliards d’euros – tout en assurant viser l’équilibre financier à court terme. « La Ligue doit vraiment se méfier de ce nouvel entrant, s’inquiète un concurrent. Sa situation financière pose question. Des problèmes opérationnels ont été remontés sur les différents territoires où ils sont implantés. Ils n’ont aucune connaissance du marché français. Et on ne connait pas exactement leur objectif stratégique à long terme. » Une appréhension que partagent plusieurs membres du Conseil d’administration de la LFP, selon RMC, qui ne manque pas de rappeler le douloureux fiasco Mediapro. La plupart des clubs de Ligue 1 ne survivraient pas à un nouvel épisode de cet acabit.
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