J’ai tenté pour vous une expérience que certaines personnes risquent de trouver ridicule : retourner, le temps d’une semaine, dans le vieux monde. Avant l’ère de Netflix et des autres plateformes de streaming. Voici les conclusions que j’en tire à froid.
Mon rapport à la TV : c’est compliqué
Je suis né dans les années 1990. Mon enfance s’est déroulée loin du web, et, comme la plupart des gosses de mon âge, j’ai passé de longues heures devant les dessins animés de TFOU, Teletoon et Midi les Zouzous. Je sais que les enfants d’aujourd’hui naissent dans le monde de Netflix et les parents les plantent plus facilement devant un iPad avec la Pat Patrouille dessus que devant un écran de télévision. Cela n’a pas été mon cas. Le streaming s’est imposé alors que j’étais déjà majeur et vacciné.
Si je vous raconte tout ça, c’est pour vous dire qu’a priori, je ne suis pas hostile aux programmes TV. Ils ont fait partie de mon enfance et de mon adolescence (ah MTV…), et, même en tant qu’adulte, il m’arrive encore de regarder quelques épisodes de Top Chef ou Koh Lanta. Pour tout vous dire, la technologie des téléviseurs me passionne et j’ai été embauché chez JVTECH précisément en tant que chef de rubrique TV 4K.
Voilà pour le contexte, retournons au présent. Aujourd’hui, je ne regarde pratiquement jamais la télé au sens classique du terme. En moyenne, les français passent 3h par jour devant leur téléviseur, et j’en fais sûrement autant, mais, lorsque j’allume mon écran, pour jouer à la console ou utiliser une plateforme de streaming. Entre mon bouquet Canal et mon compte Amazon Prime, je suis abonné à tous les services de streaming majeurs et cela fait des années que j’ai délaissé la télévision « linéaire » pour passer à la VOD (video on demand).
Alors que je ne savais pas trop quoi regardé, je me suis récemment dit que j’allais tenter de me remettre aux chaines de TNT classiques le temps d’une semaine, juste pour voir l’évolution de ces dernières et essayer de comprendre l’usage des personnes, si nombreuses, qui passent bien plus de temps sur TF1 et M6 que sur Netflix et Disney+. Vous allez le voir, je n’ai pas été déçu du voyage.
Premier constat : même sur ma TV 4K haut de gamme, tout est moche
Comme dit plus tôt, je suis un passionné de technologies d’affichages. Je n’ai donc pas hésité à casser ma tirelire pour acheter un téléviseur haut de gamme. La qualité d’image de ma TV 4K, a priori, sublime n’importe quelle image source. Pourtant, et cela m’a tout de suite sauté aux yeux, la télé « traditionnelle » est beaucoup plus moche que ce que proposent les plateformes de streaming, et cela ne tient pas qu’à une histoire de résolution, mais de normes HDR. Je m’explique.
Alors que toutes les plateformes de streaming proposent énormément de contenu en 4K Dolby Vision, la plupart des chaînes de la TNT ne diffusent qu’en Full HD (1080p) sans aucun traitement HDR. Parfois, on tombe même sur de la qualité SD, 720p. Un très bon téléviseur comme le mien est capable d’upscallé, c’est-à-dire de transformer, une source Full HD en 4K de façon très convaincante, mais elle ne peut pas inventer un traitement HDR lorsque la source d’origine n’en possède pas.
Ici, je n’ai pas le temps d’entrer des détails de ce qu’est la technologie HDR. Si cela vous intéresse, je vous explique tout cela dans cet article entièrement dédié à la question. L’essentiel à retenir ici : à l’usage, le gain de qualité entre une image avec et une image sans HDR est bien plus frappant que celui entre une image Full HD et une image 4K. Privée de HDR et de 4K, la TNT offre une qualité d’image très inférieure aux standards auxquels les services de streaming m’ont habitué.
Niveau son, c’est pareil. Au revoir effets immersifs surround des contenus en 5.1 ou en Dolby Atmos. Bonjour bruits blancs, souffles, cliquetis et scène sonore ultra-plate.
Deuxième constat : sans Netflix et compagnie, on s’ennuie vite
La qualité d’image est une chose, mais le plus important reste le contenu ! Alors, qu’est-ce que la télé peut-elle nous offrir de beau ? Des pubs, beaucoup de pub, et des émissions toutes plus pénibles à regarder les unes que les autres.
Le retour sur les chaînes de TV classiques m’a montré à quel point la liberté de choix et de temporalité qu’offrent les services de VOD est une chose précieuse. Quoi que l’on en pense, l’offre des différentes plateformes de streaming est hyper variée. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les publics, tous les « moods ». Avec le streaming, on lance n’importe quel programme à n’importe quelle heure, pour autant de temps qu’on le souhaite, et l’habitude m’avait fait oublier cette évidence : la télé impose sa temporalité et sa ligne éditoriale à ses spectateurs et spectatrices.
Passer une semaine à zapper entre les chaînes a été extrêmement pénible. J’avais l’impression que l’on me servait, la plupart du temps, soit des contenus réchauffés, soit des contenus… disons… trop faciles d’accès. S’il m’est arrivé de tombé sur quelques programmes assez sympa, j’ai presque toujours été frustré par ce que le flux constant des quelques dizaines de chaines de la TNT m’imposait.
Tout ça, c’est sans parler de la publicité incessante. J’étais soumis à une poignée de spots, souvent les mêmes partout, pendant environ 10% du temps d’antenne. Quand on y est plus habitué, là encore, ça fait bizarre. Je me suis retrouvé à régulièrement couper le son du téléviseur et sortir mon téléphone pour passer le temps. Presque tous les soirs de cette semaine d’expérience, la coupure pub « de trop » a fini par survenir. Ce moment de ras-le-bol a, 3 jours sur 5, été synonyme d’extinction du téléviseur.
Finalement, j’ai retrouvé du temps de vie en dehors des écrans
En règle générale, lorsque je n’ai rien de prévu en soirée (restaurant, cinéma, verre avec des amis…) j’allume ma télé après le dîner et je lance un film, un jeu vidéo ou quelques épisodes de séries jusqu’à minuit, l’heure d’aller dormir avant une nouvelle journée de travail. Cette semaine loin de Netflix et compagnie m’a fait me rendre compte d’à quel point ce quotidien n’est pas très enrichissant et à quel point j’étais accro à ces sources infinies de divertissement.
M’infliger la TNT m’a, par ennui, fait éteindre ma TV 4K vers 22h30 : 1h30 plus tôt que d’habitude. J’ai profité de ce temps gagné pour lire, faire plus de jeux de société en amoureux, appeler plus souvent mes parents… bref, m’adonner à des activités plus variées et enrichissantes. Maintenant que je m’autorise à nouveau à relancer un service de VOD et rallumer ma PS5, j’essaie de tout couper à 23h. Finalement, j’en sors quelque chose de positif.
Quant à la télé, je sais bien qu’il s’agit d’un média encore dominant en France et à peu près partout ailleurs dans le monde. Je crois sincèrement qu’il a encore une longue et belle vie devant lui. Un jeune homme parisien technophile comme moi n’en est tout simplement pas la cible.
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